Que faire en cas de malfaçons ?

Découvrir une malfaçon après des travaux est une situation aussi frustrante que délicate. Fissures, infiltrations, carrelage mal posé ou installation non conforme… ces défauts peuvent affecter la qualité de vie, voire la sécurité des occupants. Pourtant, il existe des recours clairs et des garanties prévues par la loi pour protéger les maîtres d’ouvrage. Encore faut-il savoir comment réagir, dans quel ordre, et avec quels outils juridiques. Vous allez comprendre comment identifier une malfaçon, quels sont vos droits, et comment obtenir réparation de manière efficace et encadrée.

Résumé de l’article

Face à une malfaçon, il faut agir méthodiquement : constater le défaut, notifier l’entreprise par écrit, et mobiliser les garanties applicables (parfait achèvement, biennale ou décennale). En l’absence de réaction de l’artisan, des recours existent, allant de la mise en demeure à l’intervention de l’assurance dommages-ouvrage ou à une procédure judiciaire. La clé est de réagir rapidement, avec des preuves solides et dans les bons délais. Faire appel à un expert indépendant peut également faciliter la résolution du litige.

Qu’appelle-t-on une malfaçon ?

Une malfaçon désigne un défaut de réalisation dans les travaux effectués, qui peut être :

  • Esthétique : finitions bâclées, enduit irrégulier, carrelage mal aligné
  • Technique : mauvais raccordement, isolation inefficace, fuite invisible
  • Structurelle : fissures dans les murs, plancher affaissé, défaut de charpente
  • Ce défaut peut apparaître avant, pendant ou après la réception des travaux. Il peut être visible ou découvert plus tard, parfois plusieurs mois après l’intervention.

    Étape 1 : Identifier et documenter la malfaçon

    Avant toute démarche, il est essentiel de collecter des preuves concrètes du problème.

    CONSULTER  Les étapes clés d’un chantier de construction

    Ce que vous devez faire :

  • Prenez des photos datées, sous différents angles
  • Notez précisément les zones concernées
  • Rassemblez les devis, factures, contrat de travaux et attestations d’assurance
  • Ces éléments serviront à appuyer votre réclamation, que ce soit à l’artisan, à l’assurance ou devant un tribunal.

    Étape 2 : Notifier le défaut à l’entreprise

    La première démarche consiste à informer l’entreprise responsable du chantier.

    Comment procéder ?

  • Envoyez une lettre recommandée avec accusé de réception
  • Exposez clairement les désordres constatés
  • Demandez la réparation dans un délai raisonnable (généralement 15 à 30 jours)
  • Notre conseil : soyez factuel, sans agressivité. La majorité des litiges se règlent à l’amiable si l’entreprise est sérieuse et toujours en activité.

    Étape 3 : Faire jouer les garanties légales

    Selon la nature du défaut et la date à laquelle il est constaté, plusieurs garanties peuvent s’appliquer.

    La garantie de parfait achèvement

  • Durée : 1 an après la réception des travaux
  • Couvre tous les défauts signalés, qu’ils soient mineurs ou majeurs
  • La garantie biennale

  • Durée : 2 ans après la réception
  • Couvre les équipements dissociables : volets, robinets, radiateurs…
  • La garantie décennale

  • Durée : 10 ans à compter de la réception
  • Couvre les défauts portant atteinte à la solidité de l’ouvrage ou le rendant impropre à son usage
  • Important : pour faire jouer ces garanties, l’entreprise doit avoir souscrit une assurance décennale. Vérifiez bien ce point avant le début des travaux.

    Étape 4 : Faire intervenir l’assurance dommages-ouvrage

    Si vous avez souscrit une assurance dommages-ouvrage, vous pouvez l’activer pour obtenir réparation rapide, sans attendre une décision de justice.

    Avantage de cette assurance :

  • Prise en charge rapide des travaux de réparation
  • Recours ensuite contre le responsable pris en charge par l’assureur
  • CONSULTER  Conseils pour choisir une entreprise BTP ou un artisan fiable

    Vous devez notifier le sinistre par courrier recommandé à votre assureur, en joignant les pièces justificatives et les constats.

    Étape 5 : Recourir à un expert indépendant

    Lorsque la situation se bloque, ou si vous doutez de la qualité de l’expertise fournie par l’entreprise, faire appel à un expert du bâtiment peut faire toute la différence.

    Que peut faire un expert ?

  • Diagnostiquer la malfaçon en toute objectivité
  • Évaluer le coût des réparations
  • Rédiger un rapport technique utilisable en justice
  • Le coût d’un expert varie selon la complexité du dossier, mais il peut être pris en charge en partie par votre protection juridique.

    Étape 6 : Aller en justice en dernier recours

    Si l’entreprise nie sa responsabilité, ne répond pas, ou refuse d’intervenir, vous pouvez saisir le tribunal.

    Quel tribunal saisir ?

  • Jusqu’à 10 000 € : tribunal de proximité
  • Au-delà : tribunal judiciaire
  • Il est fortement conseillé de se faire accompagner par un avocat spécialisé en droit de la construction. Le dossier devra contenir tous les échanges, photos, devis, attestations d’assurance et rapports d’expert.

    Notre position : la voie judiciaire peut être longue et coûteuse, mais elle permet d’obtenir réparation quand toutes les autres solutions ont échoué.

    Conclusion

    En cas de malfaçons, il est essentiel de réagir rapidement, de manière structurée et documentée. Grâce aux garanties légales, à l’assurance dommages-ouvrage et aux recours juridiques, vous êtes protégé en tant que maître d’ouvrage. Ne restez jamais passif face à un défaut : plus l’intervention est précoce, plus elle est simple à résoudre. En cas de doute, n’hésitez pas à vous faire accompagner par un expert ou un conseiller juridique pour défendre efficacement vos droits.

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